La Grande Vapeur



HISTOIRE
INDUSTRIE

Étymologie d'Oyonnax
Les armoiries
La légende de Saint-Léger
La vie autrefois à Oyonnax
Pourquoi & comment une industrie du peigne à Oyonnax

Chronologie (date, matière, technique, produits finis)
1780 : naissance de l'industrie
La corne
Le celluloïd
Les "passes" ou opérations dans la fabrication du peigne


La vie autrefois à Oyonnax


Jusqu'à la Révolution la ville est foncièrement catholique. Des confréries existent : Dames de Charité, Demoiselles des Pauvres, Pénitents, pour les hommes, qui, vêtus d'une robe blanche de religieux, chantent au lutrin pendant les offices, assurent la police de l'Église, organisent le sabbat pour chasser les démons, assurent des permanences de prières lors des grandes fêtes religieuses.

Au XVIIIe siècle, on compte seulement quelques adeptes des idées nouvelles, les « Voltairiens », gens instruits mais dont l'influence sociale est très modeste.

Jusqu'à l'aube du XXe siècle, Oyonnax n'était guère plus qu'une bourgade rurale : presque toutes les habitations étaient des fermes, parfois aménagées en logis bourgeois. Il y a avait écurie, grange, clapier-poulailler, cuisine à vaste cheminée. Dans cette pièce était installé le petit atelier à domicile

La nourriture était frugale : farine de maïs grillée, pois, lentilles, haricots, fèves, choux, pain de seigle et d'orge, parfois de blé. Des moulins existaient au Conias, au Grand Moulin, au Moulin Carré, au Moulin Thomas (entre le parc actuel et la rue Anatole France). Il y avait fort peu de boulangers professionnels et les ménagères cuisaient elles-mêmes leur pain dans des fours particuliers, payants, ou au Four Communal (four banal), gratuit, mais qu'il fallait chauffer ; il se trouvait alors à l'Est de la place Saint-Germain.

La lait et ses dérivés, fromages et surtout
« serra », constituaient une part importante de l'alimentation. Matefaims et bugnes, rissoles, célébraient les festivités, comme la viande d'ailleurs, régal exceptionnel qu'on accompagnait dans ces jours fastes d'un vin dont on célébrait les vertus parfois avec emphase mais souvent avec excès.

Les cabarets, cependant, étaient
déjà nombreux. Peu fréquentés dans la semaine, ils rassemblaient, le dimanche, de nombreux ouvriers et, le samedi soir, de joyeuses équipes qui aimaient à savourer de pittoresques « mâchons » à base de tripes, de tête de veau, de pieds de porc, d'amourettes, en les assaisonnant de plaisantes histoires, de gauloises chansons et d'une jovialité qui montait crescendo jusqu'au petit matin.

Dans les
« boutiques » (ateliers), on començait tôt à travailler : 5 heures l'été, 6 heures l'hiver. Au moment des repas, on allait volontiers chez le voisin, l'écuelle à la main, pour discuter, plaisanter, échnager des nouvelles, etc.

La fête de la Saint-Rambert, Patron des « Peigneux », débutait par une messe solennelle, alors que dehors on tirait des coups de feu et faisait « péter des boêtes ». Un grand banquet populaire suivait avec discours et chansons. Un bal en plein air terminait la fête publique, mais les réjouissances privées duraient parfois plusieurs jours.

Les registres de l'état civil de ce que les personnes de qualité (nobles, bourgeois, magistrats, etc) acceptaient volontiers d'être parrains ou marraines d'enfants issus de familles nécessiteuses.

Nombreux étaient les habitants, mi-artisans, mi-cultivateurs, qui partaient dans les départements du Doubs, de la Haute-Saône, en Alsace et jusqu'en Lorraine pour « peigner le chanvre ». Cette occupation saisonnière s'organisait au départ d'Oyonnax, par équipes complètes, avec un chef et des ouvriers spécialisés dans chacune des opérations.

La culture du chanvre était courante dans la région et les tisseurs de Groissiat, Matafelon, Nantua en faisaient des draps et des chemises d'une irréprochable qualité, inusable richesse des trousseaux familiaux.

Les pantalons d'hommes étaient « à pont », la blouse de travail de rigueur. On porta très longtemps à Oyonnax la blouse du « dimanche », qui était bleue. Les montagnards portaient, eux, la blouse noire et le large chapeau de feutre, noir également.


On parlait généralement le patois, dialecte original hérité des séjours successifs de nombreux peuples. Mais les peigneurs de chanvre avaient créé un argot bien à eux qui mettaient leurs propos à l'abri de la compréhension des indiscrets.

La population d'Oyonnax

En 1608
500
En 1622
300
En 1780
1012
En 1806
1275
En 1820
1158
En 1841
2593
En 1876
3530
En 1896
5652
En 1906
7851
En 1921
10 013
En 1936
10 166
En 1946
10 156
En 1954
11 773
En 1957
12 300

Ces chiffres témoignent à eux-seuls du développement d'une industrie qui a su s'adapter à l'évolution des techniques, comme aux grandes lois économiques modernes.


Source : archives de la presse locale