La Grande Vapeur

HISTOIRE
INDUSTRIE

Étymologie d'Oyonnax
Les armoiries
La légende de Saint-Léger
La vie autrefois à Oyonnax
Pourquoi & comment une industrie du peigne à Oyonnax

Chronologie (date, matière, technique, produits finis)
1780 : naissance de l'industrie
La corne
Le celluloïd
Les "passes" ou opérations dans la fabrication du peigne



Pourquoi & comment une industrie du peigne à Oyonnax


I. L'époque pré-industrielle
II. 1780-1820 : la naissance de l'industrie

 



En 1600, Oyonnax n'est qu'une bourgade rurale de 500 habitants qui tirent leurs maigres ressources d'un sol ingrat. Le fond de la vallée est couvert de marais et rempli de blâches. Les flancs rocailleux de la montagne n'offrent guère plus de ressources à la culture. En revanche, la montagne est couverte de magnifiques forêts de sapins qui sont une véritable richesse et entre les rochers croît le buis, bois au grain fin et serré. Ces bois, les habitants vont les façonner pour occuper leurs longues veillées d'hiver et il va donner naissance à des industries diverses comme la tournerie, la tabletterie, et pour Oyonnax surtout, le peigne.

Sans vouloir accorder trop de crédit à la belle légende de Saint-Léger,
on note cependant que l'industrie du peigne est très ancienne. Les archives locales ayant été détruites, il faut attendre 1667 pour voir mentionnés des « faiseurs de peignes » à Oyonnax (Pierre Bollé est le premier cité). Encore, cette fabrication n'est elle qu'une industrie d'appoint durant la mauvaise saison. Dès le printemps revenu, les « faiseurs de peignes » partent la balle au dos vendre le fruit de leur travail ainsi que les marchandises communes à tous les colporteurs : épingles et aiguilles, lacets, boutons, rubans. L'été, ils redeviennent laboureurs, reprennent les outils du paysan et cultivent au mieux leur terre ingrate. Fin septembre, beaucoup partent comme peigneurs de chanvre en Bresse, en Bourgogne, en Lorraine et reviennent au moment de Noël.

Le procédé de fabrication du peigne, entièrement manuel, témoigne déjà du bon sens pratique et de l'ingéniosité qui ont fait la réputation de l'artisanat oyonnaxien.

La lame de buis est d'abord dressée en forme et en épaisseur à l'aide d'une lime grossière appelée « écouanette ». Cette pièce est alors fixée sur « l'âne », sorte de tenaille placée sur un établi posé lui-même sur une sorte de banc où l'ouvrier se place à cheval. Cet « âne », véritable étau, est muni à sa partie supérieure d'une corde qui se manoeuvre au pied, serrant ou relâchant le peigne selon les façons à lui donner.

Puis on taille les dents, opération délicate réalisée avec « l'estadou », genre de scie à deux lames parallèles réglables en distance selon l'intervalle que l'on entend donner aux dents. L'une des dents de cette scie est plus longue que l'autre et finit ainsi ce que la première n'a fait qu'ébaucher.

Il faut ensuite arrondir les angles des dents, et les polir : c'est le travail du « grêleur » dont l'outil, la « grêle », sorte de lime, use les angles vifs alors qu'un autre outil, « le carrelet », affûte l'extrémité des dents.

Le polissage se fait à la main, à l'aide de cendres et de « poudre de Tripoli » et l'ultime lustrage est donné avec la paume de la main.

Le peigne ainsi réalisé est généralement livré dans sa couleur naturelle. Cependant, pour satisfaire les caprices de la mode, un procédé pittoresque permet de lui conférer une splendide couleur rouge-brun. Les lames de buis non encore travaillées sont placées dans des cages à claire-voie et descendues dans des fosses où l'on entasse du fumier que l'on arrose périodiquement. Après un long séjour, les pièces de buis sont retirées, mises à sécher lentement, plongées ensuite dans un bain chaud de campêche et d'alun, séchées à nouveau, puis enfin façonnées. Le peigne présente alors à l'extérieur une magnifique teinte rouge palissandre, alors que les veines du buis donnent de splendides reflets et que les dents apparaissent en clair dans leur épaisseur.

À cette époque, le même ouvrier réalise entièrement le peigne (une douzaine à une douzaine et demie par jour). Le modèle est d'ailleurs unique : c'est le peigne à décrasser. Nous sommes à l'époque des corporations et de leur règlementation sévère : même le nombre de dents est imposé. Toutefois, il ne semble pas qu'il y ait eu de Jurande ou de Maîtrise de corporations à Oyonnax. Par contre, Paris, qui est le grand centre du peigne en France, compte plus de 200 maîtres qui ont formé la Corporation des Maîtres Peigniers, Tablettiers, Tourneurs et Tailleurs d'Images, dont le patron est Saint-Rambert.