Un « livre miraculeux »



« A l’ouverture de la boîte, je trouvai dedans

un je ne sais quoi presque semblable à nos horloges,

plein de je ne sais quels petits ressorts et de machines imperceptibles.

C’est un livre, à la vérité, mais un livre miraculeux

Qui n’a ni feuillets ni caractères ;

enfin, c’est un livre où pour apprendre, les yeux sont inutiles ;

on n’a besoin que des oreilles.

Quand quelqu’un donc souhaite lire,

Il bande avec une grande quantité de toutes sortes

De petits nerfs cette machine,

Puis il tourne l’aiguille sur le chapitre qu’il désire écouter,

Et au même temps il en sort comme de la bouche d’un homme,

Ou d’un instrument de musique tous les sons distincts

Et différents qui servent, entre les grands lunaires,

A l’expression du langage. »

Cyrano de Bergerac

L’Histoire comique des États et Empires de la Lune, 1657